Ne soyez pas choqués, rien de vulgaire dans ce nom : c’est tout simplement le titre que portait François de Daillon (non pas celui qui fonda le premier hôpital du Lude, Sainte-Anne, en 1606, mais son arrière-grand-oncle), fils de Jehan de Daillon et Marie de Laval. Nous sommes au début de la construction du château renaissance, à la fin du XVe siècle. En 1481, l’aîné des deux fils, Jacques, hérite du château, et poursuit sa construction, tandis que le cadet se contente donc d’une seigneurie nommée « la Crotte », qu’il est bien difficile de situer, vu que beaucoup de lieux-dits portent ce nom un peu partout en France. Le crot, la crotte, la cropte, c’est une grotte, un trou, une caverne, cela vient d’un mot grec qui a donné crypte. Il était donc seigneur de la Crotte. Ce Monsieur de la Crotte, est un vaillant chevalier, compagnon de Bayard dans les guerres d’Italie engagées par le roi Louis XII.
Lieutenant d’une compagnie de cent hommes d’armes, il meurt glorieusement à la bataille de Ravenne le 11 avril 1512. Pierre de Bourdeille dit Brantôme (1540 ?-1614) a raconté sa fin dans « la vie des hommes illustres » : « il fut un des premiers qui donna la première charge…, où il fut fort blessé, et son cheval aussi…Rien, rien dit-il, je veux faire icy mon cimetière et mon cheval me servira de tombe, car il faut qu’il me serve encore et que luy et moi mourions ensemble. Par quoy et le maistre et le cheval moururent ensemble, en combattant jusques à la dernière goutte de sang et de vigueur, tombèrent ensemble et luy dessous, et ainsi mourut-il, et fut-il ensevely pour le coup comme il l’avoit dit et le vouloit. Sa sœur le contoit ainsi.
” On appeloit communément Messieurs de Bayard, de la Crotte, et le capitaine de Fontrailles, Chevaliers sans peur et sans reproche…aussi tenoit-on ces trois-là pour les plus hazardeux et ausquels rien n’estoit de trop froid ny chaud. Je l’ay ainsi ouy dire à feu ma grand-mère. »*Louise de Daillon, grand-mère de l’auteur est la sœur de François. Pierre de Bourdeille a passé une partie de son enfance à la cour de Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, où sa grand-mère était dame d’honneur “
(Par Sylvette Dauguet, Association “Le Lude en Images“)